Paul interdisait-il aux femmes de prêcher selon 1 Corinthiens 14 : 34-35 ?

Le passage de l’apôtre Paul dans 1 Corinthiens 14:34-35 (« Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler… ») a suscité de nombreuses discussions et controverses au sein de l’Église. 

Ce verset a donné naissance à des doctrines et interprétations qui, pendant des siècles, ont restreint les femmes à des rôles subalternes, souvent cantonnées à la maison et aux tâches domestiques, tandis que les hommes, considérés comme les « têtes » (kephalé), s’occupaient des ministères et avaient des responsabilités plus grandes au sein de l’Église.

Certains en sont arrivés à tenir des discours extrêmes comme : « La place de la femme c’est la cuisine. »

Ces interprétations ont amené plusieurs à croire que la femme était essentiellement créée pour faire la cuisine, élever les enfants, et servir l’homme, souvent comparé à un roi ou un maître.

Cependant, cette perspective limitée ne reflète pas fidèlement les messages de l’Apôtre Paul ni le dessein initial de Dieu envers la femme.

Revenons à la création et au ministère des femmes dans la Bible pour éclairer cette question complexe.

La Création de la Femme : Une Aide, Pas une Servante

Pour comprendre le rôle de la femme dans le plan de Dieu, il est essentiel de revenir au début, à la Genèse. Dieu a créé l’homme et la femme avec la même nature spirituelle (esprit). 

Genèse 1:27 : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme ». Cette égalité dans la nature spirituelle souligne que l’homme et la femme sont tous deux porteurs de l’image de Dieu, ayant reçu les mêmes capacités spirituelles. L’homme et la femme sont d’abord des esprits créés par Dieu.

Cependant, Dieu a choisi de créer l’homme en premier à partir de la poussière de la terre (Genèse 2:7), puis de former la femme à partir de la côte de l’homme (Genèse 2:22). Ce choix n’a jamais été un signe d’infériorité pour la femme, mais il avait pour objectif de montrer que l’homme et la femme sont destinés à vivre dans une relation complémentaire. La femme est appelée « aide » (en hébreu, ezer), un terme qui, loin de suggérer la subordination, signifie un soutien. Ainsi, la femme n’est pas une subalterne mais une aide pour l’homme, une collaboratrice, une assistante, un renfort…

Dieu a dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide semblable. » Genèse 2:18
Pas une subalterne, ni une esclave, ni une domestique, mais une aide, autrement dit une assistante semblable, une collaboratrice…

Paul interdisait-il vraiment aux femmes de prêcher ?

La question qui se pose alors est : Paul voulait-il réellement interdire aux femmes de prêcher ?

Pour répondre à cette question, il est important de comprendre le contexte des passages controversés de Paul et de les comparer à d’autres textes bibliques.

Dans 1 Corinthiens 14:34-35, Paul semble interdire aux femmes de parler dans les assemblées. Cependant, une analyse plus approfondie de l’ensemble de ses lettres montre une réalité plus nuancée. Paul avait dans ses équipes des femmes qui jouaient un rôle actif et essentiel dans le ministère de l’Évangile. Parmi ces femmes, on peut citer :

  • Priscille (ou Prisca) : Elle et son mari Aquilas étaient des collaborateurs proches de Paul. Priscille est mentionnée plusieurs fois dans le Nouveau Testament, non seulement comme une femme dévouée, mais comme une enseignante de la foi. Elle a notamment enseigné à Apollos, un homme éloquent et qui avait une connaissance authentique des Écritures, en l’instruisant plus précisément dans la voie de Dieu (Actes 18:26). On la retrouve également dans d’autres passages : Actes 18:2-3, Romains 16:3-4, 1 Corinthiens 16:19, et 2 Timothée 4:19.
  • Phoebé : Dans Romains 16:1-2, Paul la décrit comme une « diaconesse » de l’Église de Cenchrées et la recommande chaleureusement à l’Église de Rome. Il lui attribue un rôle de leadership et d’autorité dans l’Église, et elle semble avoir eu une grande responsabilité dans le service des saints.
  • Junia : Paul mentionne également Junia dans Romains 16:7, qu’il qualifie d’« éminente parmi les apôtres ». Ce n’était pas une simple membre de l’Église, mais une apôtre qui s’était convertie avant Paul et dont le fruit était visible. « Saluez Andronicus et Junia, mes compatriotes : ils ont été mes compagnons de captivité ; ce sont des apôtres remarquables, qui se sont même convertis au Christ avant moi. » (Romains 16:7, Version Semeur)
  • Loïs et Eunice : Ces femmes, la grand-mère et la mère de Timothée, sont louées par Paul pour leur foi sincère, transmise à Timothée, un leader chrétien clé  (2 Timothée 1:5). 

Le Problème de l’Interprétation Littérale

Il devient donc clair que Paul, loin de réduire les femmes à un rôle domestique, reconnaissait leur importance dans la propagation de l’Évangile et leur confiait des responsabilités spirituelles. Comment alors expliquer ses paroles dans 1 Corinthiens 14 ou 1 Timothée 2:12 (« Je ne permets pas à la femme d’enseigner ») ?

Ces passages doivent être replacés dans leur contexte culturel et historique.

À l’époque, les femmes étaient généralement peu éduquées, et il est possible que certaines perturbations dans les assemblées aient conduit Paul à formuler des restrictions pour garantir l’ordre. Il est donc probable que Paul s’adressait à des situations particulières, où certaines femmes étaient mal formées et causaient des troubles dans les assemblées.

Cependant, Paul lui-même, à d’autres moments, valorise le rôle des femmes prophètes dans l’Église. Dans 1 Corinthiens 11:5, il parle des femmes qui prophétisent, c’est-à-dire qu’elles annoncent la parole de Dieu. Cela montre que le silence demandé aux femmes dans certaines assemblées n’était pas un commandement universel, mais plutôt une mesure contextuelle.

Le Message de Joël : Un Esprit Répandu sur Tous, pas seulement sur les hommes

Enfin, il est important de se rappeler la prophétie de Joël 2:28-29, citée par l’apôtre Pierre lors de la Pentecôte : « Je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des rêves, et vos jeunes gens des visions.  Même sur les serviteurs et sur les servantes, Dans ces jours-là, je répandrai mon esprit. »

Cette prophétie montre que selon la pensée de Dieu, hommes et femmes reçoivent tous deux l’Esprit de Dieu pour prophétiser, c’est-à-dire pour annoncer la Parole de Dieu. Cette prophétie confirme que le ministère des femmes n’est pas limité à des tâches domestiques, mais inclut pleinement la prédication et l’exercice des dons spirituels.

Conclusion : Une Interprétation Erronée

Les doctrines qui interdisent totalement aux femmes de prêcher ou de prendre part activement au ministère découlent souvent d’une mauvaise interprétation des Écritures. La Bible, lorsqu’elle est lue dans son ensemble, montre que Dieu a toujours voulu que les femmes jouent un rôle essentiel dans son plan, que ce soit en prophétisant, en enseignant ou en servant dans un ministère. Il ne faut pas oublier qu’un verset biblique hors de son contexte devient un prétexte.

Paul lui-même a travaillé avec de nombreuses femmes qui ont eu un impact profond sur l’Église.

Réduire les femmes à des rôles domestiques, comme si leur seul ministère consistait à cuisiner et à élever des enfants, est une hérésie qui contredit non seulement l’intention de Dieu révélée dans les Écritures, mais aussi le modèle de service dans l’Église primitive. Les femmes, tout comme les hommes, sont appelées à participer activement à la mission de l’Église, à l’annonce de l’Évangile, au salut des âmes et à leur affermissement.

Cet article a 3 commentaires

  1. Noube

    En lisant, l’article peut être aussi considéré comme étant une interprétation des écritures parce que dans tous les exemples cités : Priscille, Phoebé, etc. Il est nullement écrit que ces femmes enseignaient elle même l’évangile, elle était souvent (toujours) avec leur mari. Et la loi Juif n’autorise pas la femme à prendre la parole dans les assemblées (synagogue ou même au temple) jusqu’à aujourd’hui au 21e siècle.

    Voici ce que dit la bible ailleurs :
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    Le Seigneur Jésus Christ, notre Maître, nous en a donnés l’exemples il n’a pas aucune femme dans l’apostolat mais et pourtant il a pris un démon : Juda. Jean 6:70.

    Juda a été parmi ceux que Jésus a commissionné pour annoncer la bonne nouvelle et guérir les malades (Luc 10:1-24), mais et pourtant il était un démon.

    On remarque que Dieu préfère travailler avec un démon homme plutôt qu’avec une seule femme. Cela peut choquer, mais la Volonté de Dieu est inchangeable quelque soit les générations.

    Que le Seigneur Jésus-Christ nous aide à saisir l’expression de Sa Parole par le Saint-Esprit !

    1. Divin BAHOUNA

      Merci pour votre commentaire. Toutefois, la prophétie dans Joël 2 et son accomplissement dans Actes 2:17-18 est très claire et mérite d’être rappelée. Il est écrit :

      « Je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, vos vieillards auront des songes. Même sur mes serviteurs et sur mes servantes, en ces jours-là, je répandrai de mon Esprit, et ils prophétiseront. »

      Le terme « prophétiser » signifie « parler de la part du Seigneur ». Ce passage ne fait aucune distinction entre les genres. Les hommes et les femmes sont tous deux appelés à prophétiser, c’est-à-dire à annoncer la parole de Dieu. Si l’on dit que l’Esprit ou l’onction n’était pas donné pour annoncer la parole, à quoi cela servirait-il vraiment (A faire uniquement à manger) ?

      Concernant l’idée que les femmes accompagnant Paul n’enseignaient pas, sauf avec leurs maris, cela est vrai pour Priscille, qui enseignait avec son mari Aquilas. Cependant, il y avait des femmes qui servaient de manière indépendante. Par exemple, Phoebé, une diaconesse de l’Église de Cenchrées, est mentionnée dans Romains 16:1-2. Paul la recommande aux croyants de Rome pour qu’ils l’assistent dans tout ce dont elle aurait besoin. La question se pose alors : que faisait concrètement une diaconesse à cette époque ?

      De plus, Junia est mentionnée dans Romains 16:7 comme une apôtre éminente. Il faut noter que Paul la désigne comme apôtre. Que fait un(e) apôtre, si ce n’est évangéliser, prêcher, implanter des Églises et parler de la part du Seigneur ? Peut-être avez-vous une autre définition du rôle d’un apôtre ?

      En ce qui concerne le judaïsme, je suis d’accord avec vous que dans l’ancien judaïsme, les femmes faisaient face à des restrictions réelles, étant souvent exclues des rôles publics dans les synagogues et les temples. Toutefois, aujourd’hui, nous ne sommes plus sous la loi mosaïque, mais dans le christianisme. Il serait très osé d’affirmer que le fait que Jésus n’ait pas choisi de femmes parmi les 12 apôtres signifierait qu’il préférait un démon à une femme. Si tel était le cas, nous ne devrions jamais voir d’apôtres femmes dans la Bible, et Paul ne prendrait pas le temps de louer le ministère des femmes.

      Enfin, le christianisme, bien qu’il soit né dans un contexte juif, des changements significatifs ont été introduits sur plusieurs points y compris la manière dont les femmes étaient traitées et impliquées dans la communauté chrétienne. Voilà pourquoi Paul a pris le soin de dire dans Galates 3:28 :

      « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. »

      Que Dieu vous bénisse richement !

  2. OKOUTO

    L’église est victime de beaucoup d’erreurs.
    La doctrine de la femme enseignante n’en est qu’une. Que le Seigneur nous illumine en ces temps de la fin

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